Élise bernier

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Mexique méconnu : El Pais de la Monarca

L’existence de cet endroit reste encore assez secrète, mais n’en est pas moins impressionnante.

Un village coloré, des commerces tous nommés en l’honneur de l’espèce de lépidoptères, sans parler du spectacle magique (et le mot est faible) que nous offrent ces derniers là-haut dans les montagnes. Le tout dans une nature riche.

À partir de Taxco, on  roule environ trois heures empruntant la route 55, puis la 7D. Cette dernière monte dans les montagnes pour atteindre le petit village perché de Ocampo dans la région du Pais de la Monarca. L’entrée dans ce village ne vous laissera certainement pas indifférent.


Soyez avertis que certains endroits suggérés dans la série Méconnu, sur ce blog ne répondent pas au typique touriste. Certains peuvent s’avérer plus risqués que d’autres en termes de sécurité. Faites vos recherches avant d’y aller et choisissez vos endroits selon votre expérience dans le pays et votre jugement. Ceux qui me connaissent savent que ce qui me marque d’une place, c’est d’abord et avant tout son ambiance et authenticité. Avec moi, il ne faut pas s’attendre à trouver des attractions touristiques et un maximum de sécurité ou encore d’organisation dans ce que je recommande. Cependant, vous y trouverez généralement ce qui est pour moi encore plus précieux, de la chaleur et de l’authenticité. Parfois, je crois qu’il vaut mieux laisser certains endroits tranquilles “tourists free”. Je vous partage mon expérience et laisse le reste à votre discrétion.

Ce bijou est situé dans l’état de Michoacán, un endroit mal aimé par les touristes à cause des activités des narcotrafiquants. El pais de la Monarca renferme d’innombrables beautés naturelles, une culture riche et une histoire unique. C’est une région montagneuse, avec de vastes forêts de sapins et de pins, des villes minières, des lacs et des barrages et aussi de sources thermales, comme Los Azufres.

Voir l’article : Mexique méconnu : Découvrir Los Azufres

El pueblo de Ocampo

C’est au petit village de Ocampo que j’ai posé bagages. Ici, les gens sont sympathiques, les tamales riquísimos, et que dire de toutes ces petites banderoles colorées qui virevoltent au vent au-dessus de nos têtes. Je trouve que les villages en montagne sont beaucoup plus paisibles que ceux situés sur les côtes. On dirait qu’en altitude, la frénésie se relâche. L’ambiance quelque peu loquita des bords de mer, fait place à une atmosphère plus calme, plus douce. Bon, tout ça en n’oubliant pas que nous sommes au Mexique quand même!

Bien que le village ait une allure typiquement mexicaine, lorsqu’on monte en altitude, on se croirait presque au Canada.

Des montagnes verdoyantes de conifères, des pins gigantesques, l’odeur des bois me rappellent la maison. Mais ces espèces végétales ne sont pas les seules à nous rappeler notre magnifique pays. Entre novembre et mars, des millions de papillons monarques migrent dans ce magnifique lieu, au cœur de Michoacán. Provenant du Canada, ils viennent se reproduire, naître et mourir durant 4 cycles, avant de battre des ailes pour remonter en Amérique du Nord.

la Reserva de la Biósfera de la Mariposa Monarca

Pour voir les monarques, il faut se rendre à la Reserva de la Biósfera de la Mariposa Monarca. Un endroit considéré comme patrimoine mondial de l’UNESCO.

Pour attendre la réserve, il faut emprunter une petite route goudronnée qui monte dans la montagne. Au sommet, une forêt vous attend un spectacle à couper le souffle et l’expression est faible!

Des pins et sapins immenses colorés en orange. Les branches sont tombantes tellement la quantité de papillons sur celles-ci est grande. Au-dessus de ma tête, ils obscurcissent le ciel lorsqu'ils volent. L’écho des battements de toutes ces paires d’ailes résonne comme un bruit de pluie fine dans l’air. Jamais de ma vie je n’avais vu quelque chose de tel. Les yeux humides, la mâchoire par terre , je suis ému au plus haut point. Cette nature est tout simplement extraordinaire. 

Les papillons y restent quelques mois durant lesquels, quatre générations naissent et meurent.  Le mystère reste ; comment font-ils pour retrouver leur chemin jusqu’en Amérique du Nord? Sachant que le cycle de vie du papillon ici n’est que de quelques semaines.

Le sol est tapissé d’ailes de monarque. Celles de tous ceux qui ont complété leur cycle de vie.

Je ne peux remercier assez la vie d’assister à une telle scène.

Photo : Frans Lanting

Enjeux politiques & environnementaux

Comme plusieurs beautés naturelles dans le monde, cette réserve est menacée. C’est un combat qui dure depuis toujours d’arriver à protéger cet endroit.

D’une part, parce que ce microclimat extraordinaire de cet endroit est entre autres possible grâce aux essences d’arbres qu’on y retrouve. Ainsi, l’abattage illégal de bois sur les lieux est une menace très préoccupante. Également, la hausse de la fréquentation et donc, des infrastructures mise en place demande un contrôle des plus absolus pour ne pas impacter négativement l’écosystème.

Il est clair que l’augmentation des touristes locaux sur le site peut s’avérer nuisible pour la réserve. Alors que les résidents demandent d'autres sources de stabilité économique, le gouvernement met en œuvre plusieurs moyens de stimuler davantage le tourisme.

Lors de la visite, il faut visiter les lieux avec un guide, suivre les directives et rester dans les sentiers balisés.

Heureusement, le Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO et les Organisations consultatives à la Convention s’engagent à soutenir le Mexique, le Canada et les États-Unis dans leurs efforts déployés contre le déclin de la population du papillon monarque. Tout cela par la création d'un Groupe de travail trilatéral de haut niveau.

Également, le Mexique établit une stratégie de conservation qu’est El fundo Mocarca. Un instrument de paiement pour les services environnementaux qui appuie la conservation des forêts ainsi que les communautés forestières de la région. Cette stratégie consiste à faire des paiements pour le transfert des droits d’utilisations des forêts qui varie en fonction de la superficie conservée. Chaque année, le comité identifie les terres non déboisées et offre des paiements aux communautés

Un autre élément nuisible pour la réserve est le conflit entre les exploitants des mines et les activistes qui cherchent à préserver l’environnement.

En février dernier, M. Raúl Hernández, un activiste et guide perd la vie de façon très suspecte. C’est une réalité que le guide m’a partagé lors de ma visite. Bien des gens qui ont des signes de dollar dans les yeux sont une menace pour ce sanctuaire. En effet, ce magnifique endroit est situé à proximité des mines.

Quoi qu’il en soit, si vous passez par cette région, encouragez l’économie locale en restant chez les aubergistes, en mangeant dans les fondas locales et en dépensant votre argent dans le village et la réserve.

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