Élise bernier

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S'envoler plutôt que de résister

Alors que la vie suit son cours, que les années passent et que des cicatrices se créent alors que d’autres s’apaisent, il y a toute cette beauté qu’est l’impermanence qui défile autour de nous.

Certains visages autrefois familier deviennent des silhouettes de dos qui poursuivent leur tracé, alors que d’autres nous accompagnent dans le temps.

L’amour se présente passionnément un jour avec les yeux bruns, puis revient sous une forme plus douce et naturelle à travers un regard bleu cristallin.

Comme la marée qui embrasse la ligne infinie d’une côte désertique, les jours défilent, mais d’une façon quelque peu différente chaque fois.

La vie suit son cycle et qu’on le veuille ou non, le temps, tels des grains de sable fins, s’écoule entre nos doigts.

Bien que nous aimions croire que nous avons le contrôle sur ce défilé, que l’on s’entoure d’objets et de concepts limitants et futiles pour tenter de cristalliser notre expérience comme dans le grès, la parade passe, avec ou sans nous. Mieux vaut apprécier celle-ci dans le moment présent plutôt que tenter de s’y accrocher de toutes les façons possibles pour l’ancrer dans notre futur, ne sachant même pas ce que nous en ferions demain, mis à part la posséder.

Nous utilisons plusieurs façons de consolider notre vécu. La plupart d’entre nous le font par le biais de biens matériels ; une maison, des voitures, des diplômes en symbole de notre succès, ou encore des vêtements projetant la facette de nous-mêmes que nous choisissons de mettre de l’avant.

Nos possessions ont le pouvoir de nous donner ce faux sentiment de permanence et d’ancrage. Elles réussissent presque à duper notre idée du temps, mais de façon éphémère.

Plus subtile que ces derniers, existe une dimension à laquelle on s’accroche, très souvent inconsciemment ; notre mental.

Ces idées que nous nous faisons de nous-mêmes, ces projections que les autres font sur notre personne ou encore, ces expériences que nous avons un jour traversées, et auxquelles nous nous identifions désormais, sans même le réaliser.

“ Stéphanie, c’est la fille amusante et sympathique. Mathieu, c’est le mec pas sérieux. Amanda, c’est l’aventurière qui voyage autour du globe depuis des années… ”


J’ai probablement traîné chacune de ces identifications durant des années et m’y accrochais de façon totalement inconsciente. Un de mes proches ne manquait pas de me rappeler combien je serais pas une femme sérieuse tant que je prioriserai mes rêves plutôt que de faire des études universitaires. Pour d’autres, j’étais la fille bubbly, aventurière et débordante d’énergie qui fonce pour ses rêves.

Que les autres nous définissent par des concepts si limitants est une chose, mais là où cela mérite notre attention, c’est lorsque l’on commence à porter et agir selon ces masques que ces gens souhaitent nous voir porter.

Et toi? Quelles sont ces projections que tu as accepté de porter durant des années ? Par quoi est-ce que tu t’identifies le plus souvent?

Est-ce un métier? Un statut? Une passion? Un caractère? Le couple? La famille?

Qui es-tu au delà de toute ces identifications futiles? Quelles sont tes valeurs? Tes ressentis en ce moment même? Qui est tu aujourd’hui à cet instant que tu ne seras peut-être pas demain?

Nous sommes tous, et aucun de ces concepts à la fois, dépendant des jours, du temps, de notre humeur, des gens avec qui l’on se trouve, etc. Les autres tout comme nous-mêmes pouvons tenter de fixer dans le temps notre personne en nous définissant comme ceci ou cela, mais la vérité est que tout est subjectif et que nul ne sait ce que demain nous réserve.

Notre chemin tout comme notre personne, est en mouvement constant. Dès que l’on croit avoir le contrôle, que la poussière retombe et que le paysage semble à nouveau clair, la vie nous envoie une autre expérience pour nous permettre de continuer d’avancer et nous rappeler que rien n’est permanent.

Parfois, il arrive que l’on se sente vriller d’un sens et puis dans l’autre, tentant de s’accrocher à la moindre perche apparue dans la tempête. Tout tourne à cent à l’heure autour de soi, mais on s’accroche, on refuse de lâcher prise, parfois même au prix de notre santé mentale ou physique. On s’accroche à une idée, une personne, un emploi…

On s’accroche à toutes ces choses parce qu’on se fait croire que celles-ci nous définissent.

Peut-être avons-nous même oublié la raison pour laquelle on s’y était attaché au départ, mais il est sécurisant d’y rester cramponné plutôt que de se laisser toupiller dans le tourbillon de la vie. Nous avons parfois si peur de ce qui se trouve de l’autre côté de la tempête, que l’on choisit de rester dans la zone d’impact parce qu’elle nous est familière. Cela nous semble plus simple que d’envisager une possible oasis de tranquillité au-delà de ce qui nous est habituel.


Rien n’est permanent. Le cours de la vie circule à travers notre corps pour une durée limitée, puis celui d’une autre entité vivante et ainsi de suite. Souvenons-nous que peu importe la quantité d’effort que nous mettons en place pour rester enraciner durement comme le fer, la vent reviendra toujours pour nous rappeler la beauté de l’impermanence.

Le temps peut s’écouler ce n’est pas grave, il en manquera de toute façon.


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