Voyage pour retrouver l'aventurière que tu as toujours été

Mars 2023. 

Les flocons tombent en douceur de l’autre côté de ma fenêtre, telles de légères boules de coton. Voilà maintenant plus de trois ans depuis la fermeture des frontières. Trois ans loin de ma passion de découvrir le monde transformé en la découverte de mon propre coin de pays. Ces trois dernières années mes semelles auront tout de même foulées les montagnes de Charlevoix et les chemins de l’Isle-aux-Coudres. Ma planche de surf aura glissée sur la belle houle des Îles de la Madeleine et mes skis auront été hautement servis par l'arrière-pays de ma magnifique Gaspésie.

Ces derniers temps par contre, j’ai envie d’un retour à mes vieux amours.

Je rêvasse de longue plage déserte, du chaos des villes latines, mis cuerdas vocales se aburren de hablar español et mes papilles de la sensation piquante des habaneros frais du marché du village. 

Me lancer en affaires à temps plein était un rêve que je caressais depuis longtemps. C’était sans me douter que cette carrière me ramènerait tout droit vers mes vieux amours.

Il y a environ trois semaines de ça, trois entrepreneures avec qui je fais du réseautage, m’ont demandé… “mais Élise, qu’est-ce qui te donne des orgasmes ? “ C’est une expression qu’on emploie pour se rappeler ce qui nous fait vibrer.

“ Ce qui me donne des orgasmes les filles, c’est d’être seule, entourée d’inconnus dans une ville qui m’est entièrement étrangère. C’est parler espagnol sur un banc de parc avec une vieille dame native d’un pays latin en sirotant une horchata. Vous savez, le genre de conversation durant laquelle chaque mot prononcé nous enveloppent et nous adoucissent simplement par la beauté de leur sincérité. 

Ce qui me fait vibrer, c’est de convertir toute cette énergie et passion pour le monde, sa terre et ses cultures, en lettres. De coucher mes sensations sur un parchemin ou de les immortaliser sur une pellicule. 

Et là, je me sens loin de ça.

Je me sens loin de cette fascination profonde que j’ai toujours eu pour l’Amérique latine et son peuple humble et résilient. “

Je tremblais sous mes propres paroles.

Mes yeux s'humectèrent et la chaleur de mon cœur était brûlante plus que jamais. C’était comme si la flamme se permettait de brûler à nouveau, trois ans après s’être faite timide.

L’une des femmes me dit : “ Élise, regarde toi en ce moment, l’énergie que tu as quand tu nous parles de ça. Vois-tu que ton regard s’illumine… Je pense que tu sais au fond de toi ce que tu dois faire". 

Trois jours après cet échange, j’ai réservé un billet d’avion.

J’ai déjà écrit dans un texte que quand je reste longtemps en occident, l’insécurité s’empare de moi. J’ai toujours eu du mal à me reconnaître dans ce mode de vie rapide, performant et technologique.

Te questionnes-tu parfois sur le sens de ce mode de vie ?

Tu sais que ce que tu fais est dénudé de sens lorsque tu te sens à côté de tes souliers.

Quand ta garde-robe se remplit alors que tu sais ô combien que de vivre avec peu te rends comblée.

Quand tes activités sportives se multiplient, mais que ton verre ne semble pas se remplir pour autant.

Quand tu te laisse entourlouper par ce qui est véhiculé dans les médias et sournoisement embarquer dans cette course de laquelle tu n’y vois pourtant aucun sens ni utilité. 

Après avoir passé tellement de temps dans les campagnes mexicaines ou les aînés ont leur petite place dans le foyer familial, j’ai peur de vieillir en occident. Me revient d’ailleurs en tête, cette femme de cent-un an qui se berçait dans un hamac sur la ferme de la famille, dans un coin reculé de Guerrero. J’ai du mal à accepter que ma grand-maman soit seule dans son appartement. J’ai beau la visiter régulièrement, j’ai toujours ce sentiment de tristesse lorsque je la quitte et qu’elle m’envoie des baisers par la fenêtre. 

Le monde est ainsi imparfait, ici comme là-bas. Il y a cependant quelque chose que le peuple latino m’a toujours inspiré, c’est cette grande force abrillée de douceur et une puissante légèreté à travers la lourdeur. Cette facilité avec laquelle on peut communiquer des aspects importants de la vie comme la famille, les enfants, les décès et les naissances.

Ne voyage pas pour trouver qui tu es, mais pour te souvenir de qui tu as toujours été.
— anonyme

Et toi, le sais-tu ce qui te fais secrètement vibrer que tu ne te permets pas de ressentir ? 

Qu’est ce qui te passionne à une profondeur parfois terrifiante ? 

Qu’est-ce qui te fascine que tu n’oses pas verbaliser de peur qu’on diminue ce qui t’es hautement précieux ? 

C’est quoi cette chose qui enflamme ta curiosité ? Cette vie pour laquelle tu te dis “oh ça pourrait être moi!”, mais que tu n’oses pas aller chercher ? 

Et si ce qui t’effraie le plus était aussi ce que tu désires au plus profond de toi ? 

Et si ce que tu désirais le plus te tenait dans l'inaction de peur que ça ne se réalise pas pour toi ? 

Et si tu couchais tout cela sur un parchemin pour offrir à ton rêve, un brin de réalité…

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